Written by guest bloggers, Richard Nimijean and Anne Trépanier.
Bien que l’essor de la discipline des études canadiennes soit intimement lié aux débats concernant le rôle du Québec dans la Confédération, il est apparent pour plusieurs contributeurs à cette publication que, cinquante ans après le fameux «What does Québec want?» et les efforts d’une trentaine d’années pour répondre à cette question, le Québec comme sujet d’étude disparaît maintenant des programmes d’études canadiennes à vitesse grand v. Néanmoins, plusieurs collègues étrangers maintiennent l’étude du Québec et du Canada à l’unisson. Pourquoi cette différence dans les approches et dans les contenus du curriculum au Canada et à l’étranger?
Ce dossier est majoritairement constitué d’articles issus de communications présentées au colloque bilingue «La place du Québec dans les études canadiennes» tenu à Ottawa en 2012. La rencontre de Canadiens, de Québécois(e)s et de professeurs d’études canadiennes et québécoises à l’international a été très féconde pour enrichir le thème du colloque. L’Association internationale d’études québécoises et le Secrétariat aux affaires intergouvernementales du Québec ont appuyé la Faculté des Arts et des Sciences Sociales de l’université Carleton en permettant à plusieurs professeurs étrangers de se rencontrer à Ottawa pour échanger sur l’avenir croisé de ces deux disciplines. En effet, plusieurs interventions ont été favorables à l’inclusion du Québec dans le cursus des études canadiennes, non seulement au plan de la langue mais aussi en tant que culture distincte au sein du Canada. Ce fut un moment important de partage de ressources et d’idées dont le monde académique anglophone canadien continuera à bénéficier longtemps, autant pour l’enseignement que pour la recherche.
Au delà des répercussions académiques de cet évènement, cette publication pose la question des études canadiennes comme lieu de réflexion et de problématisation de l’identité canadienne. Le t
hème de la place du Québec au Canada amène aussi des problématiques connexes comme le bilinguisme, la situation des minorités de langue officielle, des questions qui tarabustent toujours le Canada. Récemment, le projet de souverainté a été remis à l’avant-scène par le nouveau candidat à la chefferie du PQ, ravivant la mémoire du «référendum volé» de 1995. Si l’appui à la souverainté fluctue entre des hauts et des bas, la question de l’indépendance hante toujours le ROC… comme un mal de dents incessant, disait Jacques Parizeau… Que les souverainistes et les fédéralistes aient trouvé un remède au mal canadien, c’est ce que d’aucun espère.
Que la question du Québec cesse d’être un problème, telle est notre motivation quand vient le temps d’écrire et d’enseigner. En effet, ce n’est que par la connaissance approfondie de l’autre qu’un dialogue pourra s’établir pour créer des ponts entre les solitudes, les historiographies, les définitions de la nationalité et les champs d’études, pour ne pas dire entre les citoyens eux-mêmes. La question de l’absence réelle ou perçue des études sur le Québec dans le curriculum des études canadiennes dépasse évidemment la frontière de la discipline académique. Enfin, en tant qu’Anglo-québécois et que Franco-québécoise, nous nous faisons un honneur de présenter la complexité et la diversité du Québec contemporain et son histoire à des étudiants qui y sont autrement très peu exposés. Ce dossier spécial renferme des textes intéressants et importants sur la mutation des études de la différence québécoise et ouvre des perspectives nouvelles sur la compréhension que les Canadiens ont d’eux-mêmes, par et à travers ce que les universitaires en disent. Par cette publication, nous souhaitons encourager la réflexion et l’action des universitaires afin de ramener le Québec comme sujet d’études dans un monde où le néolibéralisme et la globalisation ont besoin d’études de cas uniques comme lui.
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